La bipolarité, mais qu'est-ce que c'est?

Je vais essayer (je dis bien essayé) d'être claire, concise et explicite dans cet article, c'est pour cela que je ne démarrerais pas par la présentation d'un film (oui je sais, c'est triste).

Petit cours d'histoire (à tous mes profs d'histoire, vous avez tous été les meilleurs) :

- on retrouve les premières traces de la manie et de la dépression au Vème siècle avant JC, à l’époque d’Hippocrate (un monsieur qu'on imagine toujours avec une barbe blanche, comme s'il n'avait jamais été jeune), le premier à en établir une description parvenue : la transformation de la mélancolie (la dépression) en folie (la manie).

- En 1854, deux psychiatres français (je pourrais vous dire les noms mais je suis pas sûr que ça vous intéresse), indépendamment l'un de l'autre, regroupent ces deux états en une seule et même maladie, "la folie circulaire" pour l'un et la "folie à double forme" pour l'autre.
La maladie maniaco-dépressive ne sera évoquée pour la première fois qu'en 1907, malgré des études sur le sujet en amont.
- Dans les années 1960, on établit la distinction entre maladie bipolaire et maladie unipolaire (avec que des épisodes dépressifs); en gros, si vous me suivez toujours, la dépression chronique/dysthymie (qui dure sur plusieurs années) fait partie des maladies du spectre de la bipolarité et est soignée comme telle.

- Au cours des deux dernières décennies, des travaux de recherche se sont multipliés aboutissant à de nouvelles classifications internationales et à de nouvelles dénominations (troubles bipolaires I, II, III). 

Avec cette dernière phrase, qui sera importante pour la suite, vous noterez donc du coup (petit carnet, petit stylo), qu'il n'y a pas 1 sorte de maladie bipolaire mais plusieurs, l'ensemble combiné avec la nature très diverse de chacun des êtres humains.

Hippocrate c'est lui - y avait pas la photo à l'époque

Il existe plusieurs classifications des troubles bipolaires, la plus utilisée est la suivante :

- type I : Alternance de phases maniaques et dépressives, avec des intervalles libres (où la personne est normale), C’est la forme la plus commune, celle qui est le plus facile à détecter.

- Type II : Alternance de phases dépressives et hypomaniaques (moins fort que la manie mais assez problématique quand même), avec des intervalles libres.
- Type III : Regroupe en fait 2 sous-types : les sujets ne présentant que des épisodes maniaques ou hypomaniaques "provoqués" par des traitements antidépresseurs; et d’autre part ceux ne présentant que des épisodes dépressifs mais associés à des antécédents familiaux de trouble bipolaire.
- Cyclothymie : trouble de l'humeur dans le spectre (pas comme Casper) de la bipolarité, au cours duquel des périodes euphoriques et des périodes dépressives et d'irritabilité se succèdent. Très difficile à diagnostiquer et pas toujours reconnu par les médecins en tant que telle.

Les phases peuvent s’enchaîner de différentes façons :

- (Hypo-)manie et dépression et intervalle libre : Classique dans les troubles bipolaires dits de type I et II.

- Dépression et (hypo)manie et intervalle libre : Favorisée par la prise d’antidépresseurs provoquant un virage de l‘humeur (passage brutal de la dépression à la manie).

- Circulaires : les phases s’enchaînent sans intervalle libre.

- Indéterminée : la périodicité est indéterminée, les enchaînements imprévisibles.

- Mixte : rapidité continuelle des phases, sans intervalles libres

On va dire que mon propre cas clinique se trouve plutôt en type II, circulaire; au dessous du type II mais au-dessus du cyclothymique; avec beaucoup de phases mixtes (irritabilité, impulsivité, colère,...); oui même pour moi ça paraît compliqué.

Petits chiffres de la bipolarité : 

- Il se révèle le plus souvent au début de l’âge adulte, entre 18 et 24 ans, mais il peut parfois survenir dès l’enfance ou, à l’inverse, nettement plus tard dans la vie.

- Le trouble bipolaire classique touche environ 1,2 % de la population soit plus de 1 000 000 cas en France. Si on inclue les types II ou III on obtient des chiffres plus élevés, si on inclue tout le "spectre bipolaire" et les troubles liés cela peut aller jusqu’à 5 voire 7% de la population.

- Les hommes et les femmes sont touchés dans des proportions équivalentes.

- 60% des personnes bipolaires sont concernés par un abus de substance notamment l’alcool; non tous ceux qui abusent de l'alcool ne sont pas bipolaires, mais 60% des personnes bipolaires abusent de l'alcool.

- À l’instar de nombreuses maladies psychiatriques, le trouble bipolaire se présente sous différentes formes et à divers degrés. 

En l’absence de traitement, la fréquence et la durée spontanées des accès maniaques ou dépressifs sont très variables. 

Les périodes « normothymiques » (sans problème d'humeur) peuvent durer plusieurs années, parfois la maladie bipolaire peut se résumer à un épisode unique au cours de la vie, sans récidive.

- Le risque de décès par suicide est de 10 à 15% pour les personnes bipolaires de type I et de 15 à 20% toutes formes confondues, ce risque étant fortement diminué par une prise en charge adaptée.

- Le trouble bipolaire occupe le 6ème rang parmi les maladies génératrices de handicap en matière de coût social et économique.

Cela fait beaucoup d'informations d'un coup, donc je vous laisse méditer sur mon petit cours, qui m'a rappelé les heures les plus folles des exposés durant ma scolarité (le net en moins). Il y a tant et tant de choses à dire que bien sûr, je vous reparlerais des conséquences, des possibles causes, du lien avec l'environnement, et tutti quanti.

C'était un article sur une maladie mentale...